L’année prochaine, sur mon département, les enseignants de maternelle participeront aux temps de formation en constellations. L’acquisition du langage oral est un enjeu majeur des apprentissages à l’école maternelle et depuis quelques années, les apports pédagogiques et didactiques visent à accompagner les enseignants en ce sens.
Mais la problématique qui est peu abordée et qui reste souvent sans réponse concerne l’hétérogénéité. Ou la seule réponse que l’on obtient dans ce cas précis se résume à deux mots: LA DIFFERNCIATION.
L’année prochaine, sur mon département, les enseignants de maternelle participeront aux temps de formation en constellations. L’acquisition du langage oral est un enjeu majeur des apprentissages à l’école maternelle et depuis quelques années, les apports pédagogiques et didactiques visent à accompagner les enseignants en ce sens.
Mais la problématique qui est peu abordée et qui reste souvent sans réponse concerne l’hétérogénéité. Ou la seule réponse que l’on obtient dans ce cas précis se résume à deux mots: LA DIFFERNCIATION.
Cet article se veut un peu différent et va vous présenter les différentes pratiques pédagogiques que j’ai mis en place en classe et leurs points faibles ou leurs points forts.
1- La pédagogie de l’écoute (Pierre Péroz)
a) Les spécificités
Après avoir lu l’histoire, l’enseignant pose une question ouverte et interroge tous les élèvesqui lèvent le doigt sans intervenir entre chaque réponse. L’enseignant accepte les redites et les répétitions car souvent elles amènent une reformulation différente ou enrichie.
On sort donc du format :
Question 1 de l’enseignant –> réponse de l’élève / Question 2 de l’enseignant –> réponse de l’élève / Question 3 de l’enseignant –> réponse de l’élève
L’enseignant pose une question et se place en retrait.
Le système des jetons :
C’est un dispositif pédagogique qui permet d’objectiver la prise de parole au cours même d’une séance en la matérialisant par un jeton donné à l’élève par l’enseignant.
Les règles fondamentales :
– chaque fois que l’on parle on gagne un jeton : Quand on a fini de parler le maître donne un jeton qui reste au sol devant soi, il ne faut pas jouer avec
– pour avoir la parole, il faut lever le doigt
– le maître peut reprendre le jeton à celui qui coupe la parole ou qui joue avec le jeton
En fin de séance :
– s’il y a eu beaucoup de jetons : « on avait beaucoup de choses à dire »
– si les jetons sont rares : « la prochaine fois sera différente »
b) Lire le texte sans montrer les images
Si vous souhaitez qu’un élève traite l’écrit, il faut lui donner à entendre de l’écrit. Il faut alors proposer la lecture de l’histoire sans montrer les images. Cette démarche permet à l’enfant:
– une bien meilleure mémorisation de l’histoire. Les images parasitent l’attention et la détourne de l’écoute du texte. Les images s’impriment et prennent le dessus sur ce que dit le texte.
– d’apprendre à se faire le film dans sa tête et à imaginer l’histoire.
Remarques:
J’ai pu constater que certains élèves (même en GS) sont tellement éloignés du langage de l’écrit, que cette démarche pédagogique n’apporte pas vraiment de plus value. J’ai alors tenté de raconter l’histoire en y associant une gestuelle pour la théâtraliser et la rendre plus accessible. J’ai obtenu de très bons résultats et une meilleure participation (qualitative et quantitative).
c) Toujours garder le même format de séance
Pierre Péroz explique l’importance d’une pédagogie explicite: l’enseignant doit annoncer ce qu’il va faire, inviter les élèves à expliciter la règle des jetons, ainsi ils savent ce qu’ils font et pourquoi ils le font.
Cette séance peut devenir une séquence suivant votre organisation de classe, la capacité de vos élèves à se concentrer, etc.
Télécharger « LE FORMAT DE SEANCE.pdf »
Voici un travail mené dans une classe de GS:
– le texte raconté:
Télécharger « ZOUZOU_ texte à raconter.pdf »
– La séquence menée en classe
Télécharger « fiche_de_prep_pedagogie_de_l_ecoute.pdf »
Avec l’enseignante, nous avons été bluffées par l’évolution du groupe de petits parleurs. Tous se sont exprimés alors que nous n’avions pas entendu le son de leur voix. Il n’y avait pas réellement de temps mort, chacun se sentait concerné par cette activité et a pris plaisir à échanger AVEC les autres. Certains ont répété une idée qui avait déjà été exprimée par un camarade mais en l’enrichissant et en y apportant un détail supplémentaire ou en enrichissant la phrase.
2- L’album écho (Philippe Boisseau)
Le principe de l’album écho.
Ä Explications : C’est renvoyer (en écho), le contenu du message de l’élève à un niveau de complexité supérieur. L’enseignant part des propos de l’élève (c’est la structure de base) et les lui renvoie en complexifiant l’énoncé.
Pour aider l’élève à s’exprimer, on lui propose, en point d’appui, une série de photographies le représentant (« je ») ou représentant ses camarades (« il » ou “ils” – “elle” ou “elles”) prises lors d’activités vécues en classe.
A l’inverse de Pierre Péroz, l’adulte ne se met pas en retrait mais interagit fortement avec l’enfant. L’enseignant cible alors la qualité du langage plus que la quantité.
a) Viser la qualité du langage:
En effet, gérer des activités langagières chez de jeunes enfants mobilise deux types d’objectifs:
a) Des objectifs de quantité La prise de parole en grand groupe est fondamentale. Il faut permettre à tout le monde de pouvoir s’exprimer, et protéger les faibles parleurs des «leaders qui envahissent le groupe ».
b) Des objectifs de qualité L’intervention de l’adulte est ici fondamentale. Le « feed-back», ou retour en arrière, reprend et reformule l’émission langagière de l’enfant dans une syntaxe modélisante, acceptable à l’oral et d’un niveau de complexité légèrement supérieur à celui de l’énoncé produit par l’élève.
b) Aider les enfants à diversifier les pronoms:
80% des phrases prononcées par des enfants de maternelle ont pour sujet un des pronoms personnels courants (je, tu, on, il, elle, ils, elles . . . nous et vous arrivant plus tard).
Des outils : les albums échos :
– les albums à la 1ère personne « Moi, je » : à partir de photographies d’un seul enfant en situation. Exemple : « Moi, je joue au docteur. »
– les albums échos à la 3ème personne : à partir de photos ou de dessins représentant plusieurs enfants dans des situations vécues.
c) Aider les enfants à conquérir le système temporel:
Des outils : les photos de la ½ journée : photos des différentes activités de la journée qui permettent de travailler sur une frise chronologique (maintenant on fait ça, avant on a fait ça, après on va faire ça …. Puis en GS : je fais, je faisais, je vais faire…)
d) Aider les enfants à conquérir les phrases complexes :
La construction des phrases complexes se produit par essais et tentatives. Le rôle de l’enseignante est de reformuler en lui proposant une structure complexe accessible.
3- Pour aller plus loin
Un dossier très complet proposé par l’IFE (Centre Alain Savary) vous permettra d’approfondir ce sujet en découvrant les apports d’une enseignante stagiaire, d’une formatrice et d’une chercheuse.
4- Evaluer ses élèves
Je vous propose un document vous permettant d’évaluer vos élèves dans le domaine du langage oral. C’est important pour percevoir clairement leurs besoins et leur évolution.